De nombreuses personne se plaignent de ne pas pouvoir dire « NON ». C’est une des faiblesses souvent observées chez les empathiques, mais pas seulement. En entreprise, cela peut poser un inconfort chez les managers, comme chez les managés.

Qu’y a-t-il de si terrible derrière ce petit mot ? Quelles expériences et croyances peuvent conduire à ne pas savoir le dire ? Oser dire non, cela s’apprend : si vous pouvez vous le dire à vous-même, alors pourquoi pas aux autres ?

AFFIRMATION vs. HARMONIE

L’incapacité à dire non peut avoir de nombreuses conséquences désagréables, dans la vie privée comme dans la vie professionnelle : sensation de ne pas être entendu et respecté, diminution de l’estime de soi, aigreur, découragement, épuisement, etc. Qui n’a pas déjà entendu cette petite voix dans sa tête, après avoir prononcé un « oui » timide au lieu d’un « non » (« j’ai été lâche », « je me suis encore fait avoir ») ?

Ce lien entre mal-être et manque d’affirmation de soi n’est pas toujours fait consciemment. Derrière cette souffrance se cache bien souvent un besoin d’harmonie relationnelle. Mais ces deux besoins fondamentaux, affirmation de soir et harmonie, doivent-ils nécessairement s’opposer ? Que penser de la nécessité ou de l’utilité des conflits ?

DOUTE, PEUR, CULPABILITÉ

Christel Petitcollin, dans son ouvrage « S’affirmer et oser dire non », écrit que les gens qui ne savent pas s’affirmer, s’enferment dans un cercle vicieux qui comporte 3 clés : le doute, la peur et la culpabilité.

  • Le doute : à quel moment dois-je poser mes limites ? quelles sont-elles ? comment le dire sans blesser ? quelle est la différence entre « s’affirmer » et « crier », entre « structuré » et « rigide », entre « dire non » et « rejeter » ? La confusion est permanente.
  • La peur : ne vais-je pas blesser cette personne et perdre son amitié/respect si je m’oppose à elle ? Suis-je égoïste quand je ne tiens pas compte des demandes des autres ? Suis-je en rébellion quand je dis non ?
  • La culpabilité : la honte et la culpabilité sont beaucoup utilisées pour décourager les enfants de tenir tête aux adultes et de s’affirmer. Ces émotions douloureuses peuvent nous marquer pour de longues années.

Ce sont ces 3 clés qu’il faut désamorcer pour apprendre à s’affirmer.

NOUS AVONS TOUS DES LIMITES

Beaucoup de gens détestent et redoutent les conflits. Ils sont perçus comme un échec de la relation. Pourtant, on ne peut pas ne jamais dire non : à un moment donné, il faudra bien poser une limite. Et en attendant, si ce n’est pas aux autres qu’on dit non, c’est à soi-même, au respect de soi, de ses besoins, envies et propres limites.

Alors, si ces limites sont bénéfiques, pourquoi semblent-elles si difficile à poser ? D’abord, il faut les connaître ! Quelles sont les vôtres ? Quel mécanisme vous maintient dans le doute ? On peut citer entre autres les situations et croyances ci-dessous qui entretiennent le doute sur ses limites :

  • Manque de clarté : quels sont mes droits ? mes devoirs ? quelle est ma zone de responsabilité ?
  • Crainte de l’autorité : vais-je être puni ?
  • Évitement de la confrontation / besoin d’être aimé
  • Conflit de valeurs : comment est-ce que je les hiérarchise ? qu’est-ce qui est le plus important : le repos ou travailler sans relâche ? la santé ou l’apparence d’être inépuisable ?
  • La peur d’être égoïste : quel est mon niveau de confort à penser à moi ?
  • Les apparences, le regard des autres, l’envie d’avoir le beau rôle : pouvez/voulez-vous plaire à tout le monde ? quel jugement craignez-vous pour un « non » ? que croyez-vous montrer quand vous vous opposez ?

DIRE NON EST L’EXPRESSION D’UN BESOIN. ET D’UNE BONNE CONFIANCE EN SOI.

L’affirmation de soi est nourrie par la confiance en soi (je peux le faire) et l’estime de soi (je mérite de le faire). Pas de confiance ou d’estime sans connaissance de soi: commencez donc par un travail sincère d’introspection, accompagné ou pas. Quelles sont mes forces, mes défauts, mes envies, mes valeurs, mes doutes, mes croyances? Puis tentez d’en challenger certaines (croyances), qui sont tenaces :

  • Le pouvoir de l’ego : pour s’affirmer, il faut de l’ego. Ego n’est pas égoïsme, ni prétention ! Il est la saine expression de soi.
  • Soyez aligné(e) entre ce que vous êtes et ce que vous semblez être : plus la différence entre qui vous êtes et ce que vous montrez sera grande, plus cette incongruence sera source d’un malaise
  • Lâchez l’illusion de penser qu’on doit se méfier ou se protéger des autres : osez montrer qui vous êtes. Cela inclut votre vulnérabilité ! Cela ne fait de vous qu’un être humain.

SAVOIR DIRE NON, C’EST AUSSI SAVOIR DIRE OUI.

Alors concrètement, comment s’affirmer sans rejeter ? Tentez les petits « trucs » suivants, dans une situation à faible enjeu d’abord.

  • Refuser la pression de l’urgence (Talleyrand disait : « si c’est urgent, c’est qu’il est déjà trop tard »)
  • On a le droit de ne pas répondre ou de ne pas savoir
  • Éviter de donner une fausse raison à son refus, ne pas se justifier
  • Exprimer son besoin, positivement, et précisément
  • Réduire les enjeux : si vous avez l’impression que vous y jouez votre vie ou votre carrière, le doute n’en sera que plus grand

Il existe différentes façons de dire « NON », avec plus ou moins de tact et de diplomatie. Il peut s’agir d’un refus total, d’un refus partiel (satisfaire une partie de la demande seulement) ou d’une proposition de changement par rapport à la demande d’origine.

Alors, maintenant que vous vous affirmez, pourquoi ne pas réfléchir à la question suivante : quand vous savez dire NON à quelque chose, à quoi savez-vous dire OUI ?

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