Au cours de mes coachings, et dans mon ancien environnement professionnel, je rencontre souvent des problématiques liées au temps (en apparence, en tout cas). Très vite, on arrive à se rendre compte que le temps est rarement le problème, mais qu’autre chose le consomme… Et dans de nombreux cas, la capacité à déléguer apparait comme un obstacle à la bonne gestion du temps chez les managers.
En général, la solution la plus faisable et la plus réaliste pour se décharger d’une tâche quand on est débordé est : déléguer à une autre personne. Qui existe souvent dans la même équipe. Et pourtant, ce n’est pas si simple.
Que se passe-t-il ? Pourquoi la délégation semble-t-elle si difficile parfois ? Quels en sont les freins ? Et comment développer sa capacité à le faire ?
Derrière la délégation vient vite la problématique de la CONFIANCE. Pour déléguer, il faut une bonne confiance en soi. Et une bonne confiance en l’autre, il va sans dire. Seule cette confiance permet de dépasser les peurs et croyances associées à l’idée de déléguer.
Intéressons-nous d’abord brièvement au concept de la confiance. J’aime beaucoup l’approche du sociologue allemand Georg Simmel qui la définit comme une “suspension temporaire du doute“, de la rationalité. Une rationalité que notre époque cherche plus à développer qu’à suspendre. Et qui rend nécessaire de s’accepter fragile, vulnérable. Première difficulté donc. Ce qui nous amène à la première grande peur de déléguer :
JE NE FAIS PAS CONFIANCE A L’AUTRE
Ce sont les craintes les plus souvent exprimées dans la réticence à déléguer. Sans évoquer directement la confiance, une personne exprimera la complexité ou les risques à déléguer : « cela va me prendre plus de temps à expliquer qu’à le faire moi-même », « on n’est jamais mieux servi que par soi-même », « si il y a des erreurs, ça retombera sur moi », « je devrai tout (re)vérifier pour éviter les erreurs »…
Avez-vous déjà entendu (ou prononcé) ces phrases ? Ces arguments, certes sincères, sont liés à des croyances limitantes (je ne peux pas faire confiance aux autres), mais servent aussi – consciemment ou pas – à masquer des peurs plus secrètes qui constitue la deuxième grande catégorie des peurs de déléguer :
JE NE ME FAIS PAS CONFIANCE
Ces craintes restent souvent tacites, elles sont par nature difficiles à admettre et parfois inconscientes. « On va me piquer ma place », « je suis remplaçable », je vais passer pour mal organisé si j’ai besoin de déléguer », « je n’ai pas besoin d’aide », « et si on faisait mieux / plus vite que moi ? », je vais perdre du pouvoir / du contrôle / de la visibilité »…
Alors qu’une personne peut se sentir surchargée et au bord de l’épuisement, cette surcharge pèse moins lourd que ces peurs qui touchent à l’identité. De quoi se protège-t-on ? Ne pas déléguer évite quelques soucis à celui qui manque de confiance en lui : cela lui évite d’exposer ou mettre en jeu ce dont il n’est pas sûr – sa valeur et ses compétences. Être débordé apparaîtra dès lors comme l’impression que sa valeur est plus haute, qu’il est compétent et indispensable. Irremplaçable, donc : voilà qui renforce finalement l’estime de soi, non ?
Et pourtant, si déléguer peut prendre du temps au début, que gagne-t-on par la suite ? Si nous sommes remplaçables, en quoi est-ce un problème ? Quels peuvent être les avantages de la délégation (par ex. cohésion et flexibilité de l’équipe, meilleure répartition des charges, diminution des risques de burn-out, motivation, etc.) ?
Un accompagnement en coaching permet de travailler sur cette posture, de se poser les bonnes questions et de transformer une pensée limitante en croyance plus portante, source de motivation et de changement. Souvent, quand une personne ne modifie pas sa manière d’agir, c’est qu’elle voit trop d’inconvénients à faire autrement.
Alors, à quel niveau de confort parvenez-vous à déléguer ?
Quels sont les risques si vous le faites ?
Qu’est-ce que vous y gagnez ?
Quelles tâches pouvez-vous déléguer ?
Quand commencez-vous ?
Qui êtes-vous ? Qui voulez-vous devenir ?