Comment manager quand on est gentil ? Le management est-il réservé aux rois de la fermeté, ou bien les gentils et autres « trop » gentils peuvent-ils réussir en management ? Et atteindre les objectifs avec leur équipe ? Quand la gentillesse peut être un frein ou une ressource…

Mais d’abord, c’est quoi être « gentil » ? Selon l’étymologie c’est « noble par ses sentiments, son comportement » ou « agréable à regarder, gracieux » (Trésor de la Langue Française). Plus communément, on parle d’une personne à la fois charmante, prévenante, délicate, compréhensive, humaine, une « crème » – et parfois même, un « bisounours » !

Vous êtes-vous déjà senti mal à l’aise quand vous avez dû recadrer un collaborateur ? Quand on vous demande un surcroît de fermeté ? Ou simplement d’annoncer une mauvaise nouvelle à l’équipe ?

LE POIDS DES CROYANCES

On a l’habitude de poser le problème sous forme de dilemme. Être manager OU être gentil ? Pourquoi pas manager ET être gentil ?

Si les façons de manager évoluent selon les époques, les missions principales du manager restent les mêmes : organiser le travail, fixer des objectifs, communiquer, motiver les collaborateurs pour tirer le meilleur d’eux-mêmes, les former et mesurer la performance. Le manager, c’est celui qui fait en sorte que les choses soient faites et les objectifs atteints. On entend encore parfois que certaines entreprises veulent recruter un « tueur », qui n’aura peur de rien et saura asseoir son autorité.

A l’opposé, on associe souvent la gentillesse avec la difficulté à dire non, avec la tendance à se faire marcher dessus, à ne pas avoir d’autorité, car pas autoritaire. Parfois même, dans l’inconscient général, le gentil est considéré comme trop mou, voire dépassé (« trop bon, trop con »). Être gentil empêcherait même de faire carrière.

Alors, quand la gentillesse est-elle un frein, et quand peut-elle être une ressource ?

LA GENTILLESSE COMME FREIN

Parfois la gentillesse est un frein dans l’exercice du management. Vous êtes manager et gentil, vérifiez que votre gentillesse vous aide à avancer vers vos objectifs professionnels, et qu’elle ne freine pas votre progression.

Posez-vous les questions : quelles sont les conséquences de votre gentillesse

  • Sur l’efficacité de l’équipe, sa productivité ?
  • Sur votre relation avec l’équipe ?
  • Sur les relations au sein de l’équipe (entente, conflits) ?
  • Sur l’atteinte des objectifs en termes de délais et de qualité ?

A quel endroit votre gentillesse s’oppose-t-elle à ce que vous voulez atteindre ?

Si votre gentillesse vous limite, il peut être intéressant de travailler la qualité opposée (positive). Que mettez-vous en face ?

Chaque gentillesse est d’un bois particulier, aussi la qualité opposée diffère-t-elle selon les personnes. Tel manager mettra à l’opposé de sa gentillesse, la fermeté. Tel autre, l’égoïsme. Tel autre encore, la tonicité et l’exigence.

Identifiez ensuite les pistes de progression : que pouvez-vous apprendre en étant dans cette qualité opposée ? Comment pouvez-vous équilibrer votre gentillesse, sans tomber dans un extrême inverse ?

La colère, par exemple, est le risque des grands gentils quand ils sont déçus des résultats ou du comportement des équipes. Connaissez-vous ce manager qui dit oui à tout et qui un jour explose pour une petite erreur toute bête ?

Enfin, vous pouvez explorer si vous n’avez pas intériorisé un « driver » (Analyse Transactionnelle) du type « sois gentil ! ». Il peut venir de l’éducation, ou d’un apprentissage au cours de la vie, via des expériences qui se sédimentent en croyance (ex. « quand je suis gentil, j’obtiens plus de choses »).

Ce driver peut aussi venir d’une peur de casser le lien avec l’équipe, de ne pas être aimé. Comme si dire non, être ferme, c’était mettre en péril la relation avec les personnes managées.

GENTIL ET FIER DE L’ÊTRE

Gentillesse pleinement vécue et assumée, peut devenir une ressource. En quoi ?

Le gentil a une prédisposition à l’écoute bienveillante, à l’empathie, sait être centré sur l’autre. Cela lui donne des ressources pour être un manager motivant.

Il favorise la motivation (sauf s’il est laxiste ou mou), il fédère, fidélise et favorise un bon climat social. La gentillesse donne à l’équipe l’envie de s’investir, et casse les verticalités qu’il y a dans l’entreprise et sa hiérarchie.

Il suscite moins de résistances dans son équipe (dans des contextes de changement par exemple), qu’un manager « dur ». La gentillesse, c’est l’assurance d’établir un lien de confiance, qui prime sur le contenu.

Le gentil est aligné avec ses valeurs et authentique : un manager profondément bienveillant sera plus congruent s’il reste dans sa gentillesse que s’il met le masque de « dur à cuir » que lui demande sa direction. Cela nourrit son charisme.

Plusieurs études convergent vers l’idée que la gentillesse en management donne d’aussi bons, voire meilleurs résultats que la « main de fer ». Options de lecture : Leading with kindness : How good people consistently get superior results de William F. Baker, Michael O’Malley, Eloge de la gentilesse en entreprise (E. Jaffelin), Le pouvoir des gentils (F. Martin)…

QUESTIONS DE COACH

Alors, à vous : quels autres avantages voyez-vous à la gentillesse chez un manager ? Pour lui-même ? Pour l’équipe ? Pour le projet ou l’entreprise ?

Que croyez-vous sur un gentil manager ? Où souhaitez-vous mettre le curseur ?

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