LES EMOTIONS DANS LE COACHING

Le coach va être en contact avec les émotions de son client dans chacune des séances de coaching. Elles seront présentes, même lorsqu’elles ne sont pas nommées. Le coaché pourra les exprimer, de façon plus ou moins consciente, au travers des histoires racontées, des blocages évoqués, des comportements ou des expressions non verbales.

Quelquefois, lorsque la prise de conscience de l’émotion est difficile pour le client (alexithymie), le coach devra faire preuve d’une compétence « d’alphabétisation émotionnelle » et d’accompagnement dans la clarification des émotions et des sentiments complexes.

LES EMOTIONS ACCOMPAGNENT TOUTES LES SITUATIONS

Quand le client est bloqué dans une situation, quand il n’atteint pas ses objectifs ou quand il ne sait pas mobiliser ses ressources, 5 hypothèses psychologiques sont possibles :

  • Il est dans une difficulté à penser la situation, à imaginer l’avenir, par manque d’une information ou d’une compétence spécifique (qui peut générer de la peur)
  • Il répète un mode de fonctionnement stéréotypé, appris des expériences précédentes qui conduit à l’échec et dont il n’a pas conscience
  • Il met en œuvre une vision limitée et rigide de son identité, des croyances limitantes concernant ses compétences, ses capacités, ses ressources, son environnement (ce qui peut générer de la honte)
  • Il s’agit d’une impossibilité de donner du sens à l’action, à trouver pourquoi elle est utile ou indispensable (ce qui peut provoquer de la confusion, de la colère ou de la tristesse)
  • Il y a une forte probabilité qu’il soit envahi par une émotion, même s’il n’est pas capable de la nommer

Le rôle de l’accompagnant sera alors de permettre à la personne une première expression de l’émotion, puis une compréhension de ses impacts, de son origine et du besoin qui en découle.

LES EMOTIONS SONT PRESENTES AU TRAVAIL ET NOUS LES VIVONS

Dans le travail, autant que dans toute autre sphère de la vie, toutes les émotions et sentiments sont présents. Nous pouvons vivre des peurs (chômage, licenciement, manager difficile…), de la colère (injustice, manque de respect…), de la tristesse (échec d’un projet, départ d’un collègue…), mais aussi de la joie, de la fierté (succès, promotion…).

La culture de l’organisation définit souvent la place des émotions. On dit parfois que « tout ce qui ne s’EXprime pas, s’IMprime ». Si elles ne peuvent être exprimées, les émotions vécues provoqueront non seulement de la lassitude, de la souffrance, de l’épuisement, mais pourront avoir des conséquences physiques sur notre corps et notre santé. Lorsque la culture de l’organisation ne permet pas l’expression des ressentis, elle amène à reporter dans le futur la résolution des problèmes, sous une forme qui sera bien plus difficile à gérer, conflits ou passages à l’acte par exemple.

L’accès à cette expression dans le cadre professionnel est souvent limité par des croyances (« c’est indécent de se montrer en spectacle », « monter ses émotions est une preuve de faiblesse ») qui ont vocation à valoriser le self-control, la rétention des émotions et non le partage émotionnel. Notre culture et éducation ajoutent à cette pensée que notre raison doit vaincre nos passions.

LA DISSONANCE EMOTIONNELLE

La dissonance émotionnelle naît lorsque les émotions qui peuvent être manifestées face au client, au manager, au collègue, nous obligent à cacher les émotions que nous avons réellement ressenties. Cet écart entre le ressenti interne, personnel, et ce qui est acceptable dans l’environnement est générateur de tension, de stress, d’insatisfaction au travail et d’épuisement professionnel.

Réduire cette dissonance, par un travail émotionnel, permettra de réduire cette tension psychologique. Différentes options se présent :

  • Un travail sur soi qui permettra de diminuer son implication émotionnelle
  • Des changements d’organisation permettant de na pas être en permanence au contact de la violence émotionnelle
  • Une possibilité d’expression différée des sentiments réels
  • Un travail sur l’estime de soi et l’assertivité

DECOUVRIR ET COMPRENDRE LES EMOTIONS

Une émotion est un changement corporel face à un événement extérieur, un ressenti physique et la perception que nous avons de ce ressenti. L’émotion (du latin e-movere) est ce qui nous met en mouvement. Elle est générée dans la partie limbique de notre cerveau (amygdale). Elle est une réponse automatique, subie, et immédiate de l’organisme à un stimulus. A ce titre, elle est instantanée (si elle dure, elle devient un sentiment ou une humeur), elle peut être agréable ou désagréable, passagère ou envahissante (on évitera de parler d’émotion positive ou négative, qui émet un jugement de valeur). Il s’agit d’un marqueur somatique, un tableau de bord de notre corps et esprit, qui influence notre comportement. Elle a une dimension :

  • Corporelle (ressentis provoqués par des contractions musculaires, expressions du visage, larmes, décharges hormonales)
  • Psychologique ou cognitive (avec un impact sur le bien-être, c’est cet impact qui donne le nom que l’on donne à l’émotion)
  • Comportementale (action, retrait, vigilance, attente, agression, rire…)

L’émotion n’a pas besoin d’être jugée, ni dévalorisée. Elle est une information. L’émotion donne un étiquette à une situation donnée, elle permet d’évaluer le caractère désirable ou non de nos décisions ou de nos projets d’action.

EMOTIONS PRIMAIRES ET SECONDAIRES

Les psychologues reconnaissent généralement 6 émotions de base (ou primaires) : la colère, la peur, la tristesse, la joie, le dégoût, et la surprise. Les émotions qui résultent d’une combinaison de ces émotions primaires sont dites secondaires (par exemple, la honte est un mélange de peur et de colère, la fierté un mélange de joie et de surprise).

EMOTION ET BESOIN

Grâce à notre système émotionnel, nous sommes en permanence renseignés sur nos besoins. Apprendre à les ressentir, à les comprendre, à les partager et à les accompagner amène à développer notre intelligence émotionnelle.

Dès lors que nous ressentons une émotion, nous pouvons y trouver des informations. Prenons l’exemple des 3 grandes émotions (désagréables) les plus rencontrées en coaching.

  • LA PEUR

La peur est l’émotion ressentie quand nous percevons ou imaginons un danger, une menace, un risque d’atteinte à notre sécurité personnelle. Sa fonction est d’amplifier les réactions adaptives (fuite, combat, immobilisation) face à un danger. Elle est naturelle et universelle, mais devient angoisse si elle s’installe dans la durée. Elle exprime souvent un besoin de PROTECTION, de CERTITUDE, ou de CONTRÔLE. En Analyse Transactionnelle (AT), elle est l’émotion liée au futur.

  • LA COLERE

La colère est l’émotion ressentie lorsque nous identifions un changement dans notre environnement, constituant une menace, un risque de dommage (réel ou fantasmé) sur l’un de nos territoires (notre corps, notre temps, nos possessions, nos valeurs, nos besoins, nos désirs). Elle traduit le dépassement d’une limite, un envahissement, et nous permet de garder notre intégrité. Elle a pour finalité de nous permettre d’obtenir de l’autre qu’il change de comportement et que le dommage s’arrête. Très souvent, elle exprime donc un besoin de REPARATION (manque de respect, de sens, de reconnaissance). C’est l’émotion la plus « mal vue », car elle est souvent confondue avec agressivité. Le concept de « saine colère » peut sembler pour le coup très paradoxal. En AT, elle est l’émotion liée au présent.

  • LA TRISTESSE

La tristesse est l’émotion ressentie lorsque nous percevons, ressentons ou imaginons une perte définitive. Sa fonction est de favoriser l’acceptation de la perte, de ce qui n’est pas en notre pouvoir de changer. Cette acceptation peut prendre du temps. Si elle s’installe trop dans la durée, elle peut devenir dépression ou mélancolie. Elle exprime un besoin de RECONFORT. C’est une émotion de l’attachement au passé.

En coaching, le coach invitera son coaché à accueillir, nommer et regarder ses émotions comme un moment « cadeau ». Par un processus de questionnement, ce dernier pourra explorer l’origine et l’objet de cette émotion, le vocabulaire ou les images associés, les risques et les comportements générés, les besoins non satisfaits, les possibilités d’accompagnement et de changement.

Alors, que ressentez-vous en ce moment ? Qu’est-ce que cela dit sur vous ? Qu’allez-vous faire ?

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